La structure informationnelle dans la grammaire et en contexte

Jean-Marie Marandin, Claire Beyssade, Elisabeth Delais, Annie Rialland

Mardi 11h15-13h15, salle 134

30 rue du Chateau des Rentiers. 75013 Paris.


Introduction à la sémantique du dialogue (Dialogue Semantics) de J. Ginzburg II

Vers une grammaire de la conversation (Grammar for conversation).

0. Introduction

Modélisation du contexte. Rappel : Stalnacker à Ginzburg

Modélisation du dialogue : idée de règle conversationnelle

- Etat de départ (avec telles ou telles propriétés) état d’arrivée (tels types de modification)

- // Condition de félicité modification (update)

1 Sémantique des actes illocutoires selon Ginzburg

1.1. Asserter

(1) Asserter p, c’est (pour le locuteur) ajouter est-ce que p ? dans QUD

(2) « I assume that, in general, both asserter and her addressee do have the issue p? in QUD as a consequence of an assertion p ; when an assertion p is made, the asserter is committed to a belief p, but has no guarantee that p will be accepted by her interlocutor … » (in On some consequences of Turn Taking ; je souligne).

- Motivation : l’effet d’une assertion est identique à celui d’une question polaire : les deux ont l’effet d’incrémenter FACTS.

Mais :

- la manière dont l’incrémentation est effectuée est différente: le locuteur est dominant about p dans l’assertion, il ne l’est pas avec la question polaire.

Que faire des demandes de confirmation ?

En détail : est-ce qu’on réagit à une assertion, une question, une demande de confirmation de la même manière ? est-ce qu’on intonne une assertion, une question, une demande de confirmation de la même manière ?

1.2. Argument empirique contre la solution par QUD

Deux types d'argument :

A) Répondre à une question polaire est un move distinct de celui de ratifier/rejeter une assertion.

- 1- Backchannels (often produced with overlapping) are enough to signal acknowledgement, they are not appropriate to answer a polar question :

(3) a. Assertion

A.: Marie n’a pas téléphoné. Elle exagère vraiment ....

B : Hum Humm

b. Polar question

A.: Est-ce que Marie a encore téléphoné

B : # humm

- 2. Type de réponses

(4) a. Polar question :

A. : Est-ce que Marie n'a pas répondu ?

B. : Si (= Marie a répondu) / non (= Marie n’a pas répondu) / ?? oui

b. Assertion :

A. : Marie n'a pas répondu.

B. : Oui (= Marie n’a pas répondu) / * si / * non 1

(5) a. Polar question :

A. : Est-ce que Marie a répondu ?

B. : # Ah bon / # j’savais pas / ..

b. Assertion :

A. : Marie n'a pas répondu.

B. : Ah bon / j’savais pas / ..

- 3. Enchaînement avec le pourquoi métalinguistique (Whymeta de Ginzburg). , Disentangling (..). : 23)2

(6) a. Polar question :

A. : Est-ce que Marie est venue ?

B : Pourquoi ? (= pourquoi me demandes-tu si Marie est venue)

(pour quelles raisons est-elle venue/n’est-elle pas venue)

(7) b. Assertion : 3

A. : Marie ne viendra pas.

B. : i. Et pourquoi ? (= pour quelles raisons ne viendra-t-elle pas)

ii. Pourquoi ? ( pourquoi me dis-tu que Marie a été recalée)

- 4. Sémantique de la question polaire « accommodée » dans QUD.

(8) The « assertoric polar questions » should behave as rhetorical questions. But, the felicity condition of assertions and those of rhetorical questions are completely different : the former require that their content be not explicitly shared by the interlocutors, wheras the latter on the contrary require that their content be shared.

B) Distinguer entre assertion et demande de confirmation

(9) a. A. Marie est arrivée

B.: Tu l'as rencontrée ? / Hélas !

b. A: [Context : B knows better than A about Marie’s whereabouts

[Contour : nonfalling]

Marie est arrivée

1 Note : A: Marie n'a pas répondu.

B. : Si, si (counter-assertive = Marie a répondu) / na :::n (= Marie n’a pas répondu)

2 See Ginzburg (Disentangling (..), p. . 23).« But whymeta associated with a polar query does not always resolve identically to a whymeta associated with an assertion".

3 Bare pourquoi seems difficult when used alone: et pourquoi is much better (we owe the remark to Bernard Fradin) :

(i) A : Marie ne viendra pas.

B : ?# Pourquoi ? (= pour quelles raisons ne viendra-t-elle pas)

B: Non

Propriétés différentielles :

(10) a. Est-ce que Pierre a jamais aidé Marie ?

a’. Pierre a jamais aidé Marie ?

a’’. * Pierre a jamais aidé Marie.

b. Est-ce que Pierre a levé le petit doigt pour l'aider ?

b’. Pierre a levé le petit doigt pour l’aider ?

b’’. Pierre a levé le petit doigt pour l’aider .

Emploi avec les marqueurs discursifs : bien sûr, sans aucun doute, certainement, etc..

(11) a. # Est-ce que Marie , me semble-t-il, a réussi son examen?

a’. Marie, me semble-t-il, a réussi son examen ?

b. # Est-ce que Marie a bien sûr réussi son examen?

a’. Marie a bien sûr réussi son examen ?

2. Move et dialogue

2.1. Rappel

(12)

- Questionner

(13) Poser la question q, c’est (pour le locuteur) ajouter q ? dans QUD

"Les questions tout comme les assertions ont pour effet de placer dans le QUD du locuteur une question, qui devient la question maximale : dans le cas d'une interrogation sur q, la question posée au haut de la pile est q, dans le cas où p est assertée, la question placée au haut de la pile est la question polaire p? " (Ginzburg, 2002: 47).

2.2. Analyse générale de la solution

1) Nature de la solution de Ginzburg : L'instance de généralisation est le mécanisme interactif par la couple question/réponse. Mais que faire du traitement de l’ordre dans ce cadre ? quel type de question ?

2) Autre solution possible, « à la Portner » à parttir de son analyse de l’ordre : une liste spécifique par move.

(14) Donner l'ordre q, c'est (pour le locuteur) ajouter q! dans la To-Do-List de l'interlocuteur.

Mais, que faire des moves salutation/contre salutation ? atomisation des registres ..

Et pourquoi ne pas traiter l’assertion comme une instance d’ordre : cf. Merin.

(15) Merin : assertion // ordre : instance ce CLAIMloc

3) Autre solution : Modifier la modélisation du DGB :

- A) un registre des coups courants qui réclament une réponse appropriée de l'interlocuteur.

(cf, un vrai tableau de jeu comme dans le jeu d'échec).

- B) un registre des coups courants qui ne réclament pas une réponse appropriée de l'interlocuteur.

- C) un tableau d'enregistrement de ce qui est acquis au cours de/grace à la conversation. Qui pourrait ne pas être limité aux faits co-acceptés

(42)

3. Notion de règle de conversation

Exemple de salutation/contre-salutation et de adieu/contre-adieu.

(voir copie des règles de Ginzburg)

Ref.

Merin A., 1994, Algebra of elementary social acts, [Tsohatzidis Savas, ed.] Foundations of speech act theory, Londres : Routledge.

Portner, P., 2004. The Semantics of Imperatives within a Theory of Clause Types, SALT 14, available at http://www.georgetown.edu/faculty/portnerp/PublicationsTalks.htm